En abandonnant la presse au profit du livre puis en généralisant l’usage des grands formats cartonnés, la bande dessinée francophone ─ quelle que soit la qualité de son contenu ─ cesse d’être populaire : elle n’est plus accessible financièrement au plus grand nombre. De leur côté, les romans graphiques, aux formats variés, s’adressent ─ toujours pour une question de prix ─ à quelques privilégiés. Nous ne sommes plus dans une logique de transport en commun. Les BLOW BOOKS sont une petite proposition pour s’extraire de cette situation.
« J’avais fait une maquette en découpant toutes les images de ma bande dessinée et en les collant dans un livre, une image par page, mais mon éditeur, [le journal De Prins] affirmait que personne avec du bon sens n’achèterait jamais un tel petit livre fou.
Un autre éditeur que j’ai approché, pensait que le tirage ne s’élèverait jamais à plus de trois mille exemplaires et que six ou sept mille au moins devaient être vendus pour couvrir les frais d’impression... il me semblait pourtant que Dick pourrait sortir du pot ! »
Alfred Mazure
Den Haag, 1941. Alfred Mazure découpe une de ses bandes dessinées prévue pour la presse et en fait un petit livre (8 x 11,5 cm). Le volume fait 212 pages et est disponible pour 25 maigres centimes. Outre la particularité de son format, le livre propose une case par page. Les enquêtes de Dick Bos, véritables tutoriels de self-defense, passent rapidement entre toutes les mains.
Ces publications sont arrêtées quand Mazure refuse de faire porter à son détective le costume de Waffen-SS. Relancé avec succès à la Libération, le supportest à nouveau mis à mal par une action du Ministre de l Enseignement, des Arts et des Sciences qui le qualifie du terme allemand « Schundeliteratur », une littérature ordurière. Voilà un cas – sans doute unique – d’une aventure éditoriale sabordée par son trop grand succès !
RENOUVEAU D’UN SUPPORT
Ces petits ouvrages ─ proches de la taille d’un paquet de cigarettes ou d’un jeu de cartes ─ tiennent dans la paume de la main. Ils sont ainsi lisibles et transportables partout. Conçu dans un contexte de restrictions du papier lié à la guerre, ce format est économique. Il est sans chute ni gaspillage. Le support offre l’autonomie de l’illustration et ─ avec la juxtaposition d’images par double page ─ il induit la dynamique narrative de la bande dessinée.
Ne se cantonnant pas à une miniature, ces cases isolées sur une seule page ont l’avantage d’être plus grandes, et donc plus lisibles, que les cases standards des albums franco-belges.
La souplesse du papier et la forte pagination ─ entre 180 et 250 pages ─ permettent au petit livre d’également jouer de la logique du feuilletoscope. Ce dernier trouve son origine dans le blow book : des petits livres de magie qui apparaissent aux débuts de l’imprimerie.
La case n’étant plus coincée parmi ses voisines dans le mur d’une page ; l’auteur peut construire son récit avec des images libres dans une technique proche du storyboard. Cette flexibilité de manipulation permet à l’auteur d’affiner son découpage avec le recul d’un monteur comme dans la réalisation cinématographique. Ainsi, comme le lecteur après lui, il pourra explorer les différentes confrontations, associations et comparaisons d’images. Raconter et lire une histoire visuellement retrouve la ludicité du jeu de cartes et rejoint également les origines spéculatives, divinatoires et sacrées du Tarot.
PALM READING
Le BLOW BOOK n’est pas l’énième collection mais une nouvelle fenêtre d’expression. L’Auteur y est en charge de son livre de la première à la quatrième de couverture.
Étant son directeur artistique, il imprime sa propre marque. Son ouvrage, de la taille d’un paquet de cigarettes, tient réellement dans une poche, et peut ainsi passer de main en main.
Le format du BLOW BOOK n’est ni connoté COMICS, ni FUMETTI, ni MANGA, ni MANHUA ni ROMAN GRAPHIQUE. Aucune étiquette ne réduit son contenu à un genre ou un public.
On retrouve pourtant cette forme à travers différentes cultures et différentes époques.
NOS AMBASSADEURS
Les BLOW BOOKS sont présentés par des distributeurs automatiques. Ceux-ci réduisent la distance entre Auteur et Lecteur et permettent une accessibilité hors des heures de bureau. En lieu et place des sucres liquides ou solides, fruits de nos industries, nos robots proposent une culture artisanale non périssable.
Le tout à un prix plancher : 5 euros
Le concept de BLOW BOOK est né à
la CRYPTE TONIQUE
16, Galerie Bortier, à
1000 Bruxelles.
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